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littérature australienne - Page 2

  • Le Théorème du homard

    Le Théorème du homard

    ou

    comment trouver la femme idéale

    de

    Graeme Simsion

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     "J'ai peut-être une solution au Problème Epouse. Elle semble évidente a posteriori, une caractéristique fréquente des découvertes scientifiques majeures. Mais je ne l'aurais probablement pas trouvée sans un enchaînement d'évènements qui n'étaient pas prévus à mon programme."

    Le professeur de génétique Don Tillman se révèle incapable d'interagir en société. Un jour, il a comme une révélation: et s'il élaborait un questionnaire pour trouver l'épouse idéale? Secondé par son meilleur ami Gene, il se lance à la conquête de la femme de sa vie. Mais aucune candidate ne semble correspondre au profil très poussé qu'il recherche.

    Jusqu'au jour où une certaine Rosie frappe à sa porte...

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    J'avais repéré ce livre chez mes copinautes Fanny et Syl. Aussi, j'ai été ravie quand il est arrivé à la médiathèque et que j'ai pu l'emprunter.

    Je me suis immédiatement attachée au héros/narrateur de cette histoire. Don, bientôt la quarantaine, est un homme très savant qui n'arrive pas à se conformer aux codes sociaux en vigueur. Dès les premières pages, il nous parle de ses rendez-vous ratés et on ne peut que rire à ses tentatives maladroites. De plus, il est incapable de la moindre empathie. Il a un mode de vie très réglé qui ne supporte aucun imprévu. Et il dit toujours ce qu'il ne faut pas.

    Forcément, avec de telles qualités, il a du mal à se faire des amis (il n'en a connu que quatre de toute sa vie) Et encore plus de mal à rencontrer une petite amie.

    "J'ai trente-neuf ans, je suis grand, en bonne santé et intelligent, j'occupe une position sociale relativement élevée et je touche un salaire supérieur à la moyenne en tant que professeur associé. En toute logique, un grand nombre de femmes devrait me trouver attirant. Dans le règne animal, je n'aurais pas de difficultés à me reproduire. Il y'a pourtant en moi quelque chose qui rebute les femmes. J'ai toujours eu du mal à me faire des amis et il semblerait que les déficiences à l'origine de ce problème affectent mes tentatives pour nouer des relations sentimentales."

    Afin d'enrayer cette mécanique relationnelle défectueuse, Don imagine un questionnaire censé l'aider à dénicher la Femme. Comme si l'amour pouvait s'analyser en termes de questions/réponses. Comme si l'imprévu n'avait pas de place...

    Or, un jour, l'imprévu frappe à la porte de son bureau. Il revêt les traits de Rosie, une barmaid fumeuse, totalement désorganisée.

    Pensant qu'elle est envoyée par son meilleur ami Gene, Don l'invite à dîner. Et malgré son manque flagrant de correspondances avec l'épouse idéale, il accepte de l'aider à retrouver son géniteur.

    Débute alors une enquête qui va totalement bouleverser la vie de notre héros.

    Le parcours initiatique de Don m'a passionnée. Pour son premier roman, Graeme Simsion a su faire appel à toute une gamme de sentiments. Tour à tour, on rit aux péripéties et aux réflexions de ce protagoniste si original; on est émus (notamment quand il évoque sa sœur et sa vieille amie); on espère....

    De même, Don ne se révèle pas le seul personnage attachant de cet ouvrage. Gravite autour de lui tout une galerie tout aussi intéressante.

    A commencer par Rosie. Une jeune femme qui travaille la nuit et prépare un doctorat dans la journée. Une jeune femme perdue qui n'arrive pas à se construire en l'absence d'un père connu. Mais aussi une jeune femme perpétuellement en retard, désorganisée, imprévue, enthousiaste....L'exact opposé de Don, en somme. On pourrait reprocher justement à l'auteur cette facilité d'avoir imaginé un couple qui repose sur des antagonismes. Cependant, leur relation est tellement bien construite et amenée qu'on évite l'écueil des clichés.

    Gene, le meilleur ami, qui couche avec des femmes de toutes les nationalités, pourrait immédiatement apparaître comme un loser. Au contraire, on s'amuse de ses tentatives de séduction, on s'aperçoit de son aveuglement...Et on sent bien qu'il est, comme les autres, à un tournant de son existence.

    On tourne les pages à toute vitesse. Les scènes se succèdent, toutes plus réussies les unes que les autres (le premier dîner, le bal des professeurs...)Et on referme avec regret Le théorème du homard.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman que j'ai dévoré en une soirée a été un coup de cœur. Il fait tout simplement du bien et je n'oublierai pas de sitôt Don et Rosie.

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    Editions du Nil, 382 pages, 20 €


     

     

  • Sarah Thornhill de Kate Greenville

    Sarah Thornhill

    de

    Kate Greenville

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    "L'Hawkesbury était un joli fleuve, large et tranquille; son eau verte ridée, ses falaises dorées par le soleil, les oiseaux perchés dans ses arbres comme le linge d'une lessive étendue. En cette douce matinée paisible, les casuarinas chuchotaient et, dans les reflets sur l'eau, le monde se tenait sur la tête.

    On nous appelait la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud. Ça ne m'a jamais plu. Nous sommes pas rien de nouveau. Nous sommes nous.

    C'était sur l'Hawkesbury que venait les bannis. Dès qu'ils retrouvaient leur liberté, c'est là qu'ils partaient. Quatre-vingt kilomètres de Sydney et pas l'ombre d'un magistrat ou d'un constable. N'importe qui pouvait se choisir un lopin de terrain et se monter une cabane, sans un regard en arrière"

    Ainsi débute le récit de Sarah Thornhill, une jeune femme née au début du 19ème siècle, non loin de Sydney.

    Elle est fille cadette d'un banni qui a monté sa propre entreprise fluviale et prospéré. Comme sa mère est décédée alors qu'elle était toute jeune, elle a été élevée par Ma, une femme autoritaire et fière de ses origines.

    On suit les jeux de ses premières années, on la voit tomber amoureuse de Jack, l'ami de son frère et son compagnon d'expédition.

    Le temps passe et un jour, quand il revient de voyage, leurs rapports évoluent.

    "C'était rien du tout. Un silence qui a duré un battement de cœur et les yeux de Jack plongés dans les miens. Mais ce rien voulait dire: tout est différent à présent"

    Une idylle se noue entre eux. Mais peut-elle résister au poids des préjugés et au souvenir des anciens occupants aborigènes massacrés?

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    J'avais déjà entendu parler de la romancière Kate Grenville mais je n'avais jamais eu l'occasion de croiser un de ses ouvrages. Aussi, je remercie vivement Anne-Sophie et les éditions Métailié pour cet envoi.

    J'ai beaucoup apprécié la structure narrative de ce livre. L'auteure a opté pour le "je" de Sarah Thornill et je trouve que cela souligne bien l'idée de cet apprentissage que subit l'héroïne au fil des pages.

    Dès son plus jeune âge, dans un monde où tout se veut nouveau, où on prétend oublier les origines de chacun tout en les rappelant sans cesse, Sarah se pose des questions et tente de percer certains mystères. Celui de son aîné prétendument disparu. Celui de ces Noirs qui rejettent son père...

    De même, elle entend mener son existence comme elle le souhaite. C'est pour cette raison qu'elle se lance dans une idylle avec Jack. Mais sa famille s'oppose et Sarah doit trouver une autre voie vers l'indépendance.

    Ce personnage ne peut laisser indifférent. Kate Grenville en a fait une héroïne profondément libre, généreuse, passionnée, exigeante...

    On la voit évoluer dans sa famille, puis partir dans l'Australie plus profonde. Sans oublier un périple au pays des Maoris.

    On en apprend ainsi beaucoup sur la vie de ces colons, souvent anciennement condamnés, sur leurs codes sociaux, sur leur rejet des autochtones...

    Bref, vous l'aurez compris: Sarah Thornhill constitue un beau portrait de femme et m'a donné très envie de me plonger dans les autres ouvrages de Kate Grenville. Si vous appréciez les romans d'apprentissage dépaysants, je pense que vous serez conquis par ce titre.

    Editions Metailié, mai 2014, 256 pages

  • La Scène des souvenirs de Kate Morton

    La Scène des souvenirs

    de

    Kate Morton

    scène des souvenirs.gif

    "La campagne anglaise, une ferme au milieu de nulle part, une journée d'été au début des années 1960. La bâtisse est discrète: des colombages dont la peinture blanche s'écaille tranquillement sur la façade ouest, une clématite qui grimpe sur les murs. Des cheminées, une fumée s'échappe; et rien qu'à voir ces volutes on sait qu'un bon plat mijote sur la cuisinière. Mais aussi, le potager tout simple derrière la maison, les fières lueurs que lancent les fenêtres ornées de vitraux, le soigneux entrechevêtrement des tuiles sur le toit."

    Greenacres, 1960: Laurel, une jeune fille de 16 ans, s'est réfugiée dans une cabane en haut d'un arbre pour pouvoir penser à son futur rendez-vous avec le beau Billy. Mais l'arrivée d'un homme au loin interrompt sa rêverie. Comme les visites sont rares dans la ferme des Nicolson, elle l'observe avec curiosité. L'inconnu aborde sa mère: "Bonjour, Dorothy [...] Cela faisait longtemps." Et "la suite se déroul[e] en un éclair. Un éclair argentin et liquide que Laurel n'oublierait pas.[...] Le couteau s'abat droit dans la poitrine de l'homme". L'individu s'écroule, mort. Plus tard, lors de l'enquête, l'adolescente témoigne en faveur de sa mère.

    Suffolk, 2001: on retrouve Laurel, devenue une actrice connue. Elle se rend à l'hôpital au chevet de sa mère très malade. Parmi les affaires de cette dernière, elle retrouve une photo d'elle, prise en 1941 aux côtés d'une certaine Vivien, une amie dont elle n'a jamais entendu parler. Elle décide alors de mener une enquête sur le passé de Dorothy et de comprendre les motivations qui l'ont poussé à tuer cet homme.

    kate morton.jpg

    Kate Morton est une romancière australienne dont j'ai découvert l'oeuvre cette année. J'ai en effet parcouru avec beaucoup de plaisir Le Jardin des secrets, son second ouvrage. Aussi, quand celui-ci est arrivé dans le fonds de la médiathèque où je travaille, je n'ai pas hésité longtemps avant de l'emprunter et de me plonger dedans.

    Une fois encore, l'auteur s'attaque à la thématique des secrets de famille. Laurel a assisté à un drame lors de son adolescence. Elle a vu sa mère tuer un homme afin de protéger son petit frère et elle-même. Mais, devant la réaction de ses parents, elle n'a jamais osé en reparler et elle n'a jamais pu extérioriser les sentiments qu'elle avait eus. Elle n'a jamais osé en discuter non plus avec ses soeurs.

    Cette dissimulation lui a sans doute permis de réussir sa carrière d'artiste. En effet, "on [a admiré] sa capacité à construire ses personnages de l'intérieur, à plonger, jusqu'à disparaître, dans la peau d'une autre personne. Cela [n'a jamais été] un truc. Elle [a] simplement [pris] la peine de percer les secrets desdits personnages. C'est là que se trouv[e] la vérité d'un individu, dissimulée dans sa part d'ombre"

    Néanmoins, elle lui a peut-être coûté sa vie de femme. Tout comme son petit frère Gerry, elle est restée célibataire.

    A l'aube de la soixantaine et confrontée à la mort imminente de sa mère, elle veut comprendre. Quel était cet homme? Etait-il vraiment un inconnu? Quel passé partageait-il avec Dorothy? Pourquoi n'a t'elle jamais rencontré cette Vivien de la photo?

    Laurel va entamer une enquête sur ses origines, sur les secrets de famille qui se mettent "à ramper sous la surface des existences, avant de surgir par une brèche dans les remparts qu'avaient dressé leurs gardiens"

    Et nous allons la suivre tout au long de ses investigations. Cependant, loin de rédiger un récit linéaire, Kate Morton s'est attachée à brouiller les pistes. En effet, plusieurs voix se font entendre: celle de Laurel, de Dorothy et de Vivien. De même, nous retrouvons ces narratrices dans différentes temporalités. Ainsi, le lecteur évolue sans cesse entre 1941, 1960, 2011, 1929...Il est même convié parfois à se plonger dans des journaux intimes ou des extraits de correspondance.

    Cette construction confère une grande force au récit. Comme pour le Jardin des secrets, j'ai pris beaucoup de plaisir à me perdre dans les méandres du passé et à chercher les indices pour tenter de comprendre. Jusqu'au bout, de fausse piste en fausse piste, le suspense est resté intact et je dois dire que je m'attendais pas du tout au dénouement. J'ai été totalement surprise par la révélation finale.

    J'ai également beaucoup aimé les personnages. La romancière a su camper des protagonistes forts, à l'instar de Dorothy, Vivien et Jimmy. La mère de Laurel se révèle une femme fascinante, rongée par la culpabilité. Elle reconnaît sans cesse la chance qu'elle a eue de pouvoir recommencer une nouvelle vie et plus la mort se rapproche, plus elle se reproche le mal qu'elle a pu faire.

    Dans son ancienne existence, on rencontre Jimmy, un jeune homme talentueux qui est parti vivre à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale avec son père âgé. Il tente de percer dans l'univers de la photographie et d'assurer ainsi un avenir solide à sa fiancée. Les clichés qu'il prend constituent autant de témoignages forts du conflit qui fait rage et vont le mener à Vivien, la jeune femme de la photo.

    De même, Kate Morton a réussi à restituer l'atmosphère des différentes périodes que le lecteur est amené à traverser. J'ai particulièrement été frappée par le récit situé pendant le Seconde Guerre mondiale. Je me suis parfaitement imaginée dans les cantines de guerre ou terrée dans un appartement alors que les bombes tombaient tout près...

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman a été un coup de coeur. Je me suis plongée lundi dans ce récit haletant et je l'ai englouti en deux jours. J'avais hâte de découvrir les secrets de la famille Nicolson et je dois avouer que je n'ai pas été du tout déçue par le dénouement. Si vous cherchez un roman à tiroirs, une belle histoire d'amour, émaillée de multiples mystères, alors cet ouvrage est fait pour vous. Je me demande même si je ne le reprendrai pas un jour pour le plaisir de décortiquer la mécanique narrative et relire certains mots en y mettant un autre sens.

    Presses de la Cité, 2013, 573 pages, 22,50 €

    Billet dans le cadre du Challenge de la Littérature du Commonwealth et du challenge La plume au féminin 2013.

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